viernes, 11 de noviembre de 2016

PAROT Jean-François - Le Floch Series (Vol.1) The Châtelet Apprentice / L'Énigme des Blancs-Manteaux

 
1- The Châtelet Apprentice
1- L'Énigme des Blancs-Manteaux


The Chatelet Apprentice (Nicolas Le Floch, #1) Cover Image          L'énigme des Blancs-Manteaux Cover Image


 
TRANSCENDING GENRES... IN A TRADITIONAL WAY

Mr. Parot's excellent work encompasses all the genre conventions of both the detective and historical novels.  Surprisingly, however, the result is not just another criminal investigation with a historical twist. Unlike Conan Doyle, Agatha Christie or Gaston Leroux who shared the same historical, cultural and linguistic context as their famous characters (Sherlock Holmes, Hercules Poirot/Ms Marple, Rouletabille), Nicolas Le Floch's apprenticeship as a criminal investigator occurs in 18th century Paris. Bridging this gap requires not only a precise historical knowledge and an erudite language but also a special way with words able to seduce from the most learned readers to the most action-lover ones.  A historian himself, the author's enthusiasm transcends his detailed recreation of places, characters and situations within the text or through endnotes, without interfering with the rhythm of the narration, thus adding to his didactic qualities an unquestionable talent for storytelling. On numerous occasions, an apparently insignificant comment happens to be referred to again in a later chapter ensuring coherence throughout the novel. 

Sparkling reminiscences of gothic, formation and epistolary novels also appear here and there which contribute to make the reading even more enjoyable. The great success of this series (13 volumes so far and a TV adaptation) bears witness that transcending genres and epochs (detective novels appeared in the 19th century), when attempted with care and talent, may result fascinating.  Other authors in France (Jean Contrucci, Les Nouveaux Mystères de Marseille) and in Spain (Jerónimo Tristante, Víctor Ros series) have also focused on showing how social issues from the past still continue to be relevant nowadays (racism, human trafficking, underclasses, etc...).

Despite a few attempts at playing with chronology and using different types of text, Mr. Parot's style, though, remains traditional. The omniscient narrator's comments and fondness when referring to Nicolas' learning process and his mixed feelings about it are closer to Stendhal's frequent intrusions than Joyce's free indirect speech.  Some readers may wish the linguistic challenge be pushed a little bit further, but the twists and turns of the story itself compensate for this lack of innovation. One may add that this aspect, in fact, happens to be part of the charm of the series: recent novels written in the old-fashioned way.



 

UNE LANGUE, UNE ÉPOQUE

L'un des avantages de rédiger une histoire d'antan dans une langue en accord avec l'époque décrite --la France de 1761 dans ce premier volume - c'est de pouvoir constater vingt ans après en relisant le texte (rédigé en 1997) qu'il n'a pas pris une seule ride !  Certaines expressions sont même si vieillies qu'elles en résultent à nouveau séduisantes (un onguent "miton-mitaine", parler "bigorne", "chausser ses bésicles" dans son sens littéral, chap. 8). Pas seulement saupoudrées çà et là pour "faire XVIIIe siècle", mais formant partie intégrale du texte, ces expressions d'un autre âge soutiennent la narration dans son ensemble, renchérissent les décors et caractérisent tout particulièrement le discours des personnages. Cette facette linguistique, dont l’auteur fait généreusement preuve dans les références au breton et à sa terre régionale, résulte encore plus évidente dans le soin qu'il applique à utiliser avec précision les termes techniques : justice, médecine (générale et légiste), confection, gastronomie, argot des rues, etc.. Là encore, l'érudition rejoint le plaisir des mots tout en contribuant à la cohérence du texte sans jamais en diminuer son attrait. Que le lecteur soit versé ou non en la matière, il en vient à apprécier ces effets de style archaïsants, certes, mais aussi poétiques et rythmiques à souhait.

Mention spéciale doit être ici faite aux difficultés de la traduction de ce genre d'ouvrages: harmoniser les mots, les concepts et les époques sans s'éloigner du sens littéral oblige parfois à sacrifier l'esprit du texte au profit d'un vocabulaire plus accessible et, certainement aussi, d'un moindre risque commercial. Dans la version anglaise, nombre de notes sont omises ou directement insérées dans le texte : « Serait-il pas qu’il taffe ? » est rendu par « I reckon he is scared » (chap.12) beaucoup moins expressif mais difficilement contestable : trouver une expression équivalente en argot londonien de l’époque relève, en effet, presque d’une gageure. De même pour « cellule à pistole » rendu par « a cell with special privileges » (chap.4) ou « fagotin » par « the animal » (chap.6). Malgré de très beaux passages à la hauteur du texte original, la facilité de lecture semble avoir été clairement préférée comme le confirment le schéma des rues inséré au début du roman et quelques autres détails tout au long du texte. Raison de plus pour lire les deux versions : les lecteurs francophones comprendront enfin toutes les subtilités de la langue anglaise, notamment dans la description des paysages ; les anglophones, eux, trouveront plaisir à découvrir des nuances stylistiques françaises pratiquement inaccessibles hors du texte original !